
parution le mercredi 21 août 2019
Nathalie Rheims
Les reins et les coeursRoman
Editions Léo Scheer
216 Pages - 18€
Le livre
Pour écrire ce texte, Nathalie Rheims n'a pas été guidée par son imagination.
Confrontée à une réalité implacable, l'auteure nous raconte une année de lutte contre un mal singulier, qui a frappé, de génération en génération, les femmes de sa famille : une maladie génétique qui détruit les reins, et dont l'issue, après des années de dialyse, a,pour toutes celles qui l'ont précédée, été fatale.
Arrivée aux limites de ce que le corps et la conscience sont capables d'endurer, elle doit faire un choix, auquel elle n'aurait jamais cru devoir faire face, un choix sublimé par le don, mais rongé par le sentiment de culpabilité.
Sans se départir de sa poétique, Nathalie Rheims utilise, ici, une langue directe, précise, qui donne au lecteur l'impression de traverser avec elle cette épreuve, jour après jour, quand une solution, d'abord inenvisageable, lui donne espoir de reprendre le cours de sa vie.
L'auteur
Dans la veine de la trilogie Laissez les cendres s'envoler, Place Colette et Ma vie sans moi, Nathalie Rheims se livre sans concession, et oppose à la fiction la force implacable du vécu.
Les Reins et les Coeurs est son vingtième livre.
Extrait
« Ma position résignée au pied de cette guillotine me semble soudain complètement folle. Comment ai-je pu ?
À quoi bon souffrir avant l'heure, me disais-je, il sera bien temps d'y penser le jour où j'aurai, sous les yeux, la preuve que j'ai eu tort de tout ignorer, de chercher à devenir étrangère à mon propre sang.
J'avais fini par imaginer que les reins, parce qu'ils fonctionnent sans qu'on puisse rien en savoir, sont le véritable siège de l'inconscient. J'avais opté pour les maintenir dans cette sphère de mon ignorance. Inutile de fouiller dans ces zones d'ombre, je savais très précisément où cela me conduirait. Qui étais-je pour me croire l'égale de celui qui, seul, peut sonder les reins et les coeurs ? »
Ce n'est pas un journal intime, même si elle parle d'elle. Très vite, le texte atteint l'universel par sa grâce, sa plume et quelque chose de spirituel. Quelque chose de grand que seule la littérature permet.
Mohammed Aïssaoui
Dans "les Reins et les Coeurs", elle raconte sa traversée de l'enfer, la violence du poison, qui menace aussitôt les fonctions cardiaques et respiratoires, le sentiment d'être tantôt cryogénisée, tantôt suppliciée par Josef Mengele, le lent apprentissage de la routine de la dialyse, l'inéluctabilité de la greffe, le frôlement de la mort, presque souhaitée. Et enfin, dans le ciel de l'hôpital, l'apparition d'un ange : Flavien, le jeune homme qui danse pour Mylène Farmer sur son tube "Point de suture" (ça ne s'invente pas), choisit en effet de donner l'un de ses reins à la romancière.
Jérôme Garcin
"Les Reins et les Coeurs" touchera et rassurera toutes les familles,et elles sont nombreuses, concernées par cette affection parce qu'il est un bouclier d'espoir. Un pur moment de vie qui commencerait par la mort.
Pierre Vavasseur
Les reins et les coeurs. Le filtre et la pompe. Jamais, je redis jamais, je n'ai lu portrait si précis et si profond de cette hydraulique qu'on appelle la vie. Jamais, jamais je n'ai pénétré si loin dans ces secrets du corps qui sont aussi ceux des familles.
Erik Orsenna
Là où d'autres auraient insisté ad nauseam sur les douleurs et les égarements que peuvent provoquer les couloirs de la mort, la romancière préfère s'attarder sur les coïncidences qui l'ont menée, sans qu'elle s'en rende compte, à cette situation.
Jérôme Béglé
Un témoignage fort dans la violence des mots et des maux.
Stéphanie Lohr
Une année de souffrance, de doutes, presque miraculeuse aussi avec une greffe réussie, mais comment à jamais remercier le donneur ? Et puis il y a les mots qui pansent les plaies, d'où ce récit franc, puissant, d'une beauté terrible, d'une poésie charnelle qui fait de cette tragédie un hymne à la vie.
Bernard Babkine
C'est l'histoire poignante d'une résurrection par l'offrande et d'une question sans réponse : "Qui suis-je avec cet organe qui n'est pas le mien ?". Et la menace mortelle, pour la première fois dans cette lignée de femmes, s'est éclipsée. Le livre, lui, vivra longtemps.
Fabrice Gaignault
Le masque se fendille, le coeur gagne en vérité, et la plume en générosité. Nathalie Rheims est plus vivante que jamais, en tant que femme et en tant qu'auteure.
Marie-Lucile Kubacki
Pas de « Je est un autre », pas d'autofiction, pas d'entourloupette littéraire : pour son vingtième livre, elle a choisi de dire les choses en face parce que c'est de face qu'elle a affronté le mal. Une saleté dont les femmes de sa famille héritent de génération en génération. Quand le réel s'y met, il est implacable. Un gène-tueur-en-série.
Pierre Assouline
Une histoire qui commence le mercredi 23 août 2017. Ce jour-là, sort en librairie « Une vie sans moi ». Ce jour-là, son auteure entre « en urgence à l'hôpital ». C'est le début de la bataille du rein pour Nathalie Rheims- et en quarante-cinq chapitres brefs pour son vingtième livre, elle raconte. Résultat : « Les reins et les cœurs », un livre d'une bataille, un texte fort, puissant, bouleversant.
Ce récit personnel est une forme d'art-thérapie.
Avec la plume précise, introspective, empathique qui la caractérise, Nathalie Rheims décrit son désarroi, sa descente aux enfers, le détail des traitements qui lui sont infligés et la « vie en morceaux « que provoque la dialyse.
Un beau récit à s'offrir, à offrir. Il a les couleurs de la vie et de l'espoir.
Ne passez pas à coté de ce livre, Nathalie Rheims vous invite à la suivre comme vous le feriez avec un ami. On en sort ému, heureux d'être en bonne santé ou moins seul face à la maladie.
Beaucoup d'émotion dans ces pages, dans les mots, les sensations plus ou moins conscientes, les ressentis, les peurs, la souffrance, les petites joies, les déceptions de cette femme entre la vie et la mort... Entre les mains d'une équipe médicale qui se battra contre vents et marées.
Chaque étape des épreuves traversées par Nathalie Rheims, est décrite avec des détails très éprouvants. Nous partageons toutes les douleurs de Nathalie Rheims, sauvée par l'amour, et, par les progrès de la médecine, et de la chirurgie.
Un récit sur une rédemption rénale.
Daniel Roland