Patrick Mennucci
Nous les MarseillaisDocument
Editions Pygmalion
286 pages 18,90 euros
Le livre
Marseille intrigue, fascine, repousse... La France s'était habituée à ses excès, à ses enthousiasmes, à son irrédentisme. En quelques mois, elle vient de découvrir brutalement une urgence, la menace d'un naufrage, mais aussi une puissance qui ne demande qu'à s'exprimer. Cela s'est manifesté spectaculairement par l'engagement en septembre 2012 du gouvernement au lendemain d'une série de faits divers, ce sera un des fils rouges de 2013, avec la Capitale européenne de la culture. En clair, le paysage a été campé dans la douleur, aujourd'hui un souffle va se lever. Le tout en préambule de la bataille des municipales qui démarrera en septembre prochain. Autant de raisons d'être persuadé que tous les regards se porteront à un moment ou à un autre sur la cité phocéenne. Dans le débat passionné qui s'annonce, la parole forte d'un Marseillais qui s'adresse aux siens tout comme à la France s'impose, celle de Patrick Mennucci. Sans parti-pris mais en sachant prendre parti.
Député PS, maire du 1er secteur de Marseille (centre-ville), cet élu socialiste candidat aux primaires locales (et bien placé) n'a jamais eu sa langue dans sa poche. Son ouvrage est tout aussi franc. Premier rôle dans la nouvelle mobilisation de l'Etat pour la cité phocéenne et au-delà pour le Sud-Est, l'ancien directeur adjoint de campagne de Ségolène Royal avait déjà incité sa candidate à mettre en oeuvre un « Plan Marshall » pour Marseille, avec notamment l'idée de la création d'une métropole administrative qui couvrirait la majeure partie des Bouches-du-Rhône et serait un acteur économique et politique à l'échelle du sud de l'Europe et de la Méditerranée, à l'instar de Barcelone, Valence, Gênes. Sarkozy élu, le projet est abandonné alors que l'urgence était là : derrière les effets de mode (le mythe OM, l'effet des films « Taxi », les campagnes de communication de la mairie...), au-delà de la créativité de ses artistes (d'IAM à Guédiguian), malgré la vitalité de ses forces économiques qui commercent avec les cinq continents et de ses chercheurs qui multiplient les découvertes, Marseille est sur la corde raide. Organisée en dépit du bon sens, loin des règles de la République, elle cherche un mode d'emploi pour demain, se confronte chaque jour aux frictions de l'intégration, patauge dans une délinquance de plus en plus violente.
Le récit de Patrick Mennucci raconte la manière dont il s'est plongé dans la gestion de Marseille après son élection comme maire de secteur en 2008. Combien il s'est heurté aux systèmes qui gangrènent la cité. Combien il a rencontré aussi des initiatives rassurantes, des ferveurs partagées, des citoyens qui refusaient de succomber au fatalisme.
Ce récit est rythmé par de multiples batailles électorales et politiques : les municipales de 2008 avec le match Guérini-Gaudin, les européennes de 2009 où Patrick Mennucci secondait Vincent Peillon dans le Sud-Est et qui auront été l'occasion de premières déchirures au sein du PS provençal, les régionales 2010 où il a dirigé la campagne d'un Michel Vauzelle sous la menace de Jean-Marie Le Pen, l'affaire Guérini qui a véritablement éclaté en novembre 2010 et qui a vu très vite Patrick Mennucci s'opposer aux dérives du chef du PS dans le 13, les primaires PS, la bataille des législatives 2012 qui a donné lieu à des dérives quasi-mafieuses dans plusieurs circonscriptions, ses multiples combats contre Jean-Claude Gaudin et son immobilisme mâtiné de choix financiers dangereux (par exemple pour la couverture du Stade Vélodrome qui a fait exploser la dette), etc. On voit aussi apparaître Bernard Tapie contre lequel il s'est levé, la création d'une commission d'enquête parlementaire sur les montages financiers douteux de la famille Hersant qu'il a mené.
Patrick Mennucci explique pourquoi Marseille en est arrivée là, fonctionnant sur des schémas issus de la période de sa reconstruction (1944/1947). Avec une analyse documentée et convaincante des forces qui agissent, il insiste notamment sur les syndicats (FO et CGT) qui ont une importance considérable dans cette ville. Il révèle aussi des épisodes ignorés ou oubliés de l'histoire marseillaise comme les conditions et les conséquences de l'arrivée de 200 000 rapatriés d'Algérie en 1962.
Marqué par la personnalité de Gaston Defferre qui trente ans après sa mort est une puissante référence, Patrick Mennucci s'autorise un inventaire sans concessions de sa politique.
Mais cet ouvrage est aussi un livre d'espoir et propositions, puisque, malgré tant d'années perdues, les initiatives et idées ne manquent pas. Marseille possède de vrais atouts, que l'ouvrage ne manquera pas de mettre en avant. En vérité, une seule chose s'impose : remettre Marseille sur les rails.
L'auteur
Patrick Mennucci, né en 1955, petit-fils d'immigrés de Toscane, est diplômé notamment de l'École de commerce de Marseille et de l'Institut d'Études Politiques d'Aix-en-Provence. Il a été élu pour la première fois à Marseille au côté de Gaston Defferre en 1983 au Conseil d'arrondissement des Quartiers Nord (15ème et 16ème arrondissements).Il a présidé jusqu'à il y a peu le groupe socialiste au Conseil municipal, depuis juin 2012 élu à l'Assemblée nationale, il fait partie de la Commission des Lois. Au sein du Parti socialiste, Patrick Mennucci est membre du bureau national. Acteur majeur de la candidature de Ségolène Royal à la présidentielle de 2007, il a raconté la campagne de l'intérieur dans un ouvrage publié chez Albin Michel, Ma candidate. Il a dirigé par trois fois les campagnes régionales de Michel Vauzelle, les campagnes de Michel Rocard et de Vincent Peillon aux européennes ainsi qu'en 2008 celle des municipales de Marseille ou il a conquis sur les amis de Jean-Claude Gaudin le centre-ville (1er et 7ème arrondissements) de Marseille.