Gilles Paris
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parution le jeudi 23 octobre 2008

Gilles Martin-Chauffier

Le Roman de la Bretagne
Essai

Editions du Rocher
19,90€ 213 pages

Le roman des lieux magiques dirigée par Vladimir Fédorovski

Le livre

Regardez une carte de l'Europe en 1990. Vous n'y verrez ni la Slovénie, ni la Serbie, ni les pays baltes... Le visage de notre continent se redessine. Dans le sang mais aussi dans le calme. 6 millions de Slovaques ont quitté sans aucun drame la Bohême et la Moravie. Déjà la Flandre, la Catalogne et l'Ecosse battent des ailes. Désormais la France n'est plus un mur bouchant l'horizon de la Bretagne. Le vrai pouvoir quitte les berges de la Seine pour gagner Bruxelles. Dans dix ans, ou dans cinquante ans, demain, il y aura à nouveau une Bretagne libre. Le redécoupage des nations du Vieux Continent n'arrivera pas qu'aux autres. Pourquoi ? Parce que l'Histoire, inlassablement, se répète. Dès qu'on accepte le principe de suzeraineté, on confie à d'autres son destin. En l'an 987, le comte de Toulouse, le comte de Poitiers et le duc de Gascogne auraient bien ri si on leur avait annoncé qu'ils seraient tous avalés par Hugues Capet, leur petit suzerain juridique, protocolaire et lointain dont le turbulent domaine allait à peine de Compiègne à Orléans. Seulement, il avait la Loi pour lui. Or la Loi, aujourd'hui, a pour siège Bruxelles. Et l'intérêt de l'Europe est clair : beaucoup de petites nations, aussi peu de grands états que possible. On plie plus facilement l'Estonie et le Montenegro que l'Allemagne, la France ou l'Espagne.
Ce livre n'appelle pas à rejeter la France. Les Bretons n'y ont jamais songé sérieusement depuis la disparition de leur état en 1532. Même à l'époque, ils n'ont guère lutté. Bien moins que les Ecossais ou les Portugais, par exemple. La France et la Bretagne se sont passionnément aimées. Il ne s'agit donc pas dans ces pages d'attaquer notre pays actuel. Aucun autre au monde n'a accordé autant de place à ce qui fait le charme de la vie, depuis le vin et les femmes jusqu'à la conversation, la mode, la littérature et une forme unique de futilité. La Bretagne libre restera évidemment française de coeur et de moeurs. Elle ne confisquera pas Chateaubriand et Madame de Sévigné et elle étudiera toujours Proust et Montaigne.
Seulement, elle enseignera aussi les vies de Nominoë, des ducs Jean, de Pierre Landais ou d'Isaac Le Chapelier, ces grands bretons disparus de notre Histoire.
Qui se rappelle la flotte vénète luttant contre César des années avant l'apparition de Vercingétorix ? Et le rôle des Bretons à Hastings ? Et les fidèles du roi Arthur se réfugiant en Armorique ? Presque personne alors que, de Vitré à Brest, on enseigne aux élèves la grandeur de Clovis, de Charlemagne et de Louis XI qui furent les ennemis de leurs ancêtres.
D'où l'objet de ce « roman » : ramener à la surface les heures exaltantes d'un passé que la mémoire et l'Education Nationale ont effacé. Et rappeler à leurs descendants les destins de ces générations de bretons qui, pendant 1500 ans, ont insufflé une âme à leur terre. Car c'est grâce à eux qu'on peut assurer aujourd'hui que notre futur somnole dans une maison très ancienne.

L'auteur

Gilles Martin-Chauffier est né le 12 août 1954. Il est breton. Sa famille vient de Vannes, dans le Morbihan.
Il est Rédacteur-en-Chef de Paris-Match depuis 1996. Il supervise également « Culture Match », les pages culturelles placées au début du magazine.
Romancier, il a publié « Pourpre » (1980 - Mercure de France) puis « Les Canards du Golden Gate » (1982 – Mercure de France), « Sans Effort Apparent » (1987 – Balland), « L'Ouest » (1991 – Editions de Fallois), « Une Affaire Embarrassante » (1995 – Grasset – Prix Jean Freustié), « Les Corrompus » (1998 – Grasset – Prix Interallié), « Belle-amie » (2001 – Grasset), « Silence, On Ment » (2003 – Grasset – Prix Renaudot des Lycéens) et « Une Vraie Parisienne » (2007 – Grasset).
Traduits en russe et en grec, ses romans décrivent la société française contemporaine, régime de castes qui a érigé le double langage en système d'expression des privilégiés.
Il est aussi l'auteur de deux essais. « Le Roman de Constantinople » (2005 – Ed. du Rocher – Prix Renaudot de l'Essai) dans lequel il expliquait les raisons historiques justifiant l'entrée de la Turquie en Europe. Il publiera en octobre « Le Roman de la Bretagne Libre » qui rappelle aux Bretons les 650 années d'indépendance de leur pays et leur suggère de s'inspirer de ce qui s'est passé en Slovaquie, en Croatie, au Timor – ou au Québec.
Chaque semaine, il publie dans Paris-Match une chronique littéraire sarcastique de la vie intellectuelle française.