Ysabelle Lacamp
Le jongleur de nuagesRoman
Editions Flammarion
Le livre
Eté 1917. Quelque part dans le Nord de la France, un drôle de camp sur l'arrière front. Ou plutôt une Chine miniature, gouailleuse et drolatique, qui, pour fuir un empire déchiré et saigné par les famines et les exactions des seigneurs de la guerre, s'est laissée recruter par les Français et les Anglais afin de pallier aux bras manquants partis se battre dans les tranchées.
Un petit monde cocasse et haut en couleur de coolies et de crève misère, hier bandit, coiffeur dans la Cité interdite, « cueille merde » ou encore bourreau de l'armée impériale, où se côtoient, complices d'exil et de galère, farouches partisans de la nouvelle république comme fervents adeptes du retour de l'Empereur.
Parmi eux, I-se alias Bouche Cousue. I-se ou plutôt Isaïe, le Chinois aux yeux clairs, le Chinois pas comme les autres, venu en Occident à la recherche de ses racines. Et pour cause. Celui à qui la religion vaut le sobriquet de « nerf coupé » n'est autre que l'un des derniers représentants de la petite communauté juive de Kaifeng qui se meure, coupée du monde depuis la nuit des temps.
Isaïe dont la solitude va se laisser égayer par Marie, une gamine du bourg avec laquelle se tisse une étrange complicité dans la ferme où les Anglais ont envoyé travailler ce dernier. Mais que l'on retrouve la fillette assassinée, et voilà l'étranger aussitôt désigné comme meurtrier, cible toute trouvée aux yeux d'une population qui accuse de tous ses maux ceux qu'avec mépris elle appelle les OUI-OUI ( « Parce qu'ils ne savent dire que ça, ces pauv' gens »), comme aux yeux de la plupart de ses compagnons pour lesquels le « nerf coupé » n'est finalement rien d'autre qu'un « barbare cuit », un de ces vendus aux Longs Nez de part sa drôle de religion.
Commence alors la folle cavale. Une vie d'errance et de doutes qui conduira l'homme en rupture avec lui-même jusqu'à la capitale. Un Paris insouciant et folâtre qui préfère regarder la guerre de loin malgré ses émeutes ouvrières mais où se croisent aussi peuples opprimés et premières idées révolutionnaires. Et c'est entre tribulations, fumeurs d'opium, grisettes et petits marginaux qu'I-Se, ni cheval ni tigre, honni comme Chinois et rejeté comme juif, découvrira enfin, au terme de son étrange périple initiatique, l'harmonie entre ciel et terre, c'est-à-dire entre ses différences.
NOTE DE L'EDITEUR
Roman d'une mue et d'une époque. D'un éveil. Celui d'une âme qui prend son envol et d'un monde en mutation qui ne sera jamais plus le même. Celui d'une société avide d'exotisme que ne cesse d'intriguer « l'autre » en même temps que s'éveillent les consciences des peuples qui se libèrent. Un roman sur le regard, celui des autres mais aussi celui que l'on porte à soi-même. Comme un pont jeté entre les cultures, à l'image d'Isaïe le Passeur.
L'auteur
Coréenne par sa mère, fille du journaliste écrivain Max Olivier-Lacamp (prix Renaudot 1969), Ysabelle Lacamp revendique avec gourmandise ses double racines et se dit volontiers sang mêlé d'ascendance confucéenne et huguenote !
Licenciée de chinois et de Coréen de l'université de Londres et de l'institut des Langues Orientales à Paris, puis comédienne, elle est surtout l'auteur de nombreux succès tels « Le baiser du Dragon », « La fille du ciel », « L'Eléphant Bleu » ou encore « Une jeune fille bien comme il faut » et plus récemment « La jalousie des fleurs » et « L'Homme sans Fusil », une façon pour elle de retrouver ses « racines du ciel » qu'elles touchent à l'occident ou à l'orient extrême, qu'elle explore l'Asie profonde ou les Cévennes. Elle a prêté sa plume à de nombreux magazines (Elle, Vogue, Gala, Géo, Voyages...), doublé pléthore de dessins animés, animé l'émission « Hors la ville » sur France 3, comme on a pu la voir sur la scène du Théâtre Mouffetard dans l'adaptation du roman de Prune Berge « T'es pas ma mère »