Gilles Paris
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parution le jeudi 8 novembre 2007

Andréï Makine

Le monde selon Gabriel
Théâtre

Editions du Rocher
18 euros - 158 pages

Le livre

Demain, ce monde sera peut-être le nôtre. La parole y est proscrite, les poètes cloués au pilori. Un média globalisé règne sur un troupeau de neuf milliards de spectateurs : quatre comédiens miment, devant une caméra, les haines et les amours qui animent l'humanité. Un mystérieux Grand Imagier se charge de commenter leur jeu. Le Choc des Civilisations... Le Palmarès des Victimes... Le Héros de Notre Temps. Devenus simples consommateurs d'images, nous n'avons plus besoin de penser.
Qui manipule donc ainsi nos consciences ? Une secte cherchant à faire de nous des zombis qui préfèrent le message simpliste de l'écran à la complexité vivante d'un livre ? Ou bien le but de ces pitres serait-il de nous faire oublier ce Mur qui surplombe la scène avec la fureur d'une Apocalypse imminente...
Leur divertissante dictature est sur le point de triompher quand surgit cet ultime espoir : la parole poétique. Celle qui éveille nos consciences engourdies par le flux décérébrant des images. Celle qui révèle, sous la grimace des masques, un visage unique et les blessures intimes des âmes malmenées.
Le Monde selon Gabriel renoue avec le merveilleux des romans de Boulgakov et l'audace dramaturgique de Maïakovski. Ce théâtre novateur est un acte de révolte contre les dictatures douces qui nous guettent. Et aussi un acte de foi dont la force nous libère des rôles que la bêtise et la peur nous condamnent à jouer.

L'auteur

Andreï Makine naît le 10 septembre 1957 à Krasnoïarsk (Sibérie). Il obtient un doctorat en lettres de l'Université d'État de Moscou Lomonossov après avoir déposé une thèse sur la littérature française contemporaine. Après avoir enseigné la philosophie à Nougorod, et collaboré à la revue russe Littérature moderne à l'étranger, il obtient le droit d'asile politique après un voyage en France en 1987. C'est à ce moment qu'il décide de rester en France. Il obtient l'asile politique et se consacre à l'écriture tout en donnant quelques cours de littérature et de culture russe à l'École normale supérieure et à Sciences Po. Très vite, il se consacre à l'écriture en français, langue qu'il maîtrise depuis l'âge de trois ans grâce à sa grand-mère. Ses débuts dans son pays d'adoption sont difficiles : logé dans une chambre minuscule entre Belleville et Ménilmontant, il s'abrite parfois dans un caveau du Père Lachaise. Ses manuscrits sont rejetés par les éditeurs dans un premier temps, mais il parvient à faire publier « la fille d'un héro soviétique » en 1990 en faisant croire que celui-ci est une traduction du russe. Deux ans plus tard, il dépose une thèse de doctorat à la Sorbonne consacrée à l'oeuvre de l'écrivain russe Ivan Bounine (1870-1953). Commence alors une importante carrière littéraire avant la consécration en 1995 : la triple obtention des prix Goncourt, Goncourt des Lycéens et Médicis pour « Le Testament français ». Sept romans plus tard, (parmi lesquels « La Musique d'une vie » (Grand prix RTL / Lire 2001) et « La Femme qui attendait » (Prix Prince Pierre de Monaco 2005). Andreï Makine impose un style savant et ample, qualifié par certains de poétique, par d'autres, plus communément, de néo-classique. En dépit de quelques critiques, Makine reste un écrivain exigeant, pour qui la littérature ne se satisfait pas de mécanismes faciles et usagés, de belles phrases ou de scandales éphémères, mais de vision.