Le livre

C'en est fini de sa vie de vagabond, il pose son sac, c'est sa dernière tournée. Idole nationale, Johnny a inauguré une ultime série de concerts, le Tour 66. Prenant prétexte de cet événement, l'une des plus grandes critiques musicales françaises esquisse à travers le portrait de l'artiste, quarante années de société française. Derrière l'écran de ses yeux bleus, filmés de près par Johnny To, Hallyday cache un inconscient français. Fort, éclatant dans sa jeunesse, il a délivré les Français des pesanteurs de la guerre. Né en 1943 au coeur d'un Paris occupé, le chanteur a grandi dans les années sans mémoire. Puis il a scellé les noces de l'Amérique fantasmée, celle des grands espaces, des westerns avec motos en lieu et place des chevaux sauvages, et du vieux pays européen.
Pour sa dernière tournée, Hallyday revient au rock de ses jeunes années, aux versions françaises des chefs-d'oeuvre d'Elvis Presley, d'Eddy Cochran ou Ray Charles. À 66 ans, il remplit des stades sous le symbole de l'aigle américain. Basique et bizarre, présent et absent, Johnny rassemble des fans fédérés par des idées de solitude, de révolte, de mauvais garçons.
Chanteur populaire, Hallyday a gagné ses galons auprès de l'intelligentsia par le cinéma, en compagnie de Nathalie Baye et de Jean-Luc Godard, mais aussi grâce à des chansons écrites par des intellos pop, comme Françoise Sagan, Philippe Labro, Étienne Roda-Gil. Même les écrivains se sont inclinés : Louis Aragon, Lucien Bodard, Marguerite Duras...
On dit Presley toujours vivant, menant une existence dorée à l'abri des regards. Cette nouvelle légende de l'histoire du rock'n'roll, c'est d'abord une ancienne métaphore, utilisée au xvie siècle par les Portugais qui croient au roi caché, encoberto, incarnation du destin de la nation.
Hallyday 2009 règne sous ses habits des années 1960 : beau, très beau, sauvage.
Cet Hallyday-là est un roi caché, qui, quelles que soient les rides et les douleurs, incarne la jeunesse d'une France qui se rêve en nouveau monde.

L'auteur

Véronique Mortaigne est critique musicale au journal Le Monde depuis 1990. Parmi ses publications : Un entretien avec Claude Lévi-Strauss (Le Monde/Chandeigne 2005) et Cesaria Evora, la voix du Cap-Vert (Actes Sud 1997)

A propos de l'éditeur

DON QUICHOTTE

Comme le héros de Cervantès, cheminant sur les plaines de La Mancha, nous voulons croire que les livres peuvent influencer les gens et les choses. C'est pourquoi nous publions celles et ceux qui relèvent des défis, ou qui marchent contre le désenchantement du monde.
Un événement a bouleversé leur vie, l'actualité les a poussés sur le devant de la scène, leur talent les a rendus célèbres. Artistes, personnalités se racontent. (Autobiographies, biographies, récits.)
Premiers titres :
À voix basse, Charles Aznavour – La Face B, Akhenaton, avec Eric Mandel – Hallyday, le roi caché, Véronique Mortaigne.
Des figures du monde des livres ou du spectacle, de la vie politique ou des médias, s'engagent pour défendre une cause, ou pour résister aux dérives du monde. (Décryptages, enquêtes.)
Premiers titres :
N'oubliez pas! Mediapart, sous la direction d'Edwy Plenel, 2010 – L'expérience extrême Christophe Nick et Michel Eltchaninoff, 2010.
Des femmes et des hommes de la société civile s'emparent de questions sensibles. Par leur parole ou leur action, ils bousculent les institutions, rêvent de possibles inédits et proposent des solutions ou des alternatives. (Récits, témoignages.)
Premiers titres :
Salle 107, Émilie Sapielak, 2010.
Nous publions également des albums, dont certains sont réalisés avec des ONG ou des associations. Tous ont vocation à sensibiliser les jeunes aux enjeux et débats de l'époque. (Fiction.)
Premiers titres :
Moi aussi j'ai le droit ! Heidi Gremm, Olivier Marboeuf, avec Aide et Action, préface de Diam's. – Le livre de la paix, avec La Croix-Rouge, préface de Patrick Poivre d'Arvor.
Don Quichotte Editions : 01 53 63 88 10
96 boulevard du Montparnasse 75014 Paris