Régine
Moi, mes histoiresRécit
Editions du Rocher
Le livre
Dans « Moi, mes histoires », Régine évoque les mille facettes de sa personnalité de « La Ferme » qui lui a permis de retrouvé un petit air de son enfance et l'envie d'écrire ce livre, à Françoise Sagan et Serge Gainsbourg dont elle dresse des portraits savoureux. Sans oublier sa vie de noctambule qui de Monaco à New York l'a mise sur le chemin des acteurs et des princesses, des rois et des reines des dandys et des voyous...L'auteur
Régine voit la nuit le 25 décembre 1929 à Anderlecht (Belgique). Conçue en Argentine par des parents polonais, elle reste apatride jusqu'en 1969 puis obtient la nationalité française. Dès son enfance, Régine réalise rapidement que la vie est une lutte permanente. Son père Joseph, joueur invétéré perd la boulangerie familiale au poker. La famille part alors s'installer à Paris. Très vite, sa mère les abandonne pour l'Amérique latine ; elle réapparaît bien des années plus tard dans des circonstances peu reluisantes. Bourlingués de bars en bistrots par un père peu enclin à la raison, les enfants se retrouvent placés en pension.
En 1939, la guerre sévit dans le pays et Régine apprend ce que survivre signifie. Constamment transférée de pension en famille d'accueil, elle comprend peu à peu que son nom (Zylberberg) ne sera pas facile à porter. Durant l'Occupation, Régine est mise à l'abri dans un hospice et rencontre Claude en 1943 dont elle finit par s'éprendre ; il lui fait alors la promesse de l'épouser à l'issue de la guerre. Mais Claude est fait prisonnier par les nazis dans l'un des derniers trains en Août 1944.
A la Libération, Régine savoure les bals américains et sa grande passion : la danse. Après avoir refusé un somptueux mariage que lui offrait son père, elle se voit placée de nouveau à la pension des Lilas, en plein été, avec une poignée de jeunes filles esseulées. Elle va les initier à la danse avec son gramophone et des disques qu'elle a emportés avec elle. A la rentrée des classes, Régine est déjà connue de toutes... La légende se construit.
De retour dans la capitale, Régine et son amie Monique découvrent les lieux incontournables de Paris où elles s'initient au jazz, au be-bop ainsi qu'à toutes les autres danses du moment. Enfin, Régine goûte au plaisir de la liberté ; elle peut désormais sortir, partager son temps avec les personnes qu'elle affectionne. Mais, le rêve se brise net lorsque son père Joseph lui impose de tenir son café. A 16 ans, Régine devient patronne d'un bistrot de Belleville et va noyer ses peines dans les romans et la musique.
En 1947, Régine se marie avec Paul, un jeune commerçant. Elle donne naissance à son fils unique, Lionel, le 13 Août 1948. Mais, Régine songe toujours à la réussite... Le 31 décembre, elle emmène Paul réveillonner dans un lieux chic du moment : Le Boeuf sur le toit. Elle s'égare à nouveau dans les caprices du luxe et de la fête. La semaine, elle confie son enfant à une Baby-sitter pour sortir danser. Son couple se dégrade... La famille entreprend de la soumettre à une psychanalyse.
En 1951, Régine divorce et quitte Paris pour se rendre à Juan-les-Pins; elle y rencontre la directrice d'un lieu en vogue qui lui demande d'animer des soirées en dansant avec ses complices. Cette activité lui vaudra le sobriquet de " toupie tournante ". Elle côtoie la jeunesse ambitieuse et constitue un " clan " autour d'Henri Salvador, Eddie Constantine, Moustache...
De retour à Paris, Régine occupe une place essentielle dans les nuits parisiennes. Jamais fatiguée, elle est conviée dans les dîners mondains pour danser et mettre l'ambiance. Elle demande à Paul Pacini de rouvrir " le Whisky à Gogo " rue du Beaujolais. Elle rédige alors la première page de sa vie de " Reine de la nuit ". A la fois barmaid, disc-jockey, videur et dame pipi, Régine réunit le tout Paris en deux mois. Des cours de Cha-cha-cha sont donnés à la jet-set le dimanche après-midi. Régine devient un véritable phénomène de mode, les gens ne viennent plus au " Whisky à Gogo ", mais ils viennent chez Régine.
(1954) Paul Pacini ouvre un nouveau " Whisky à Gogo " à Cannes, mais la concurrence est rude. C'est pourquoi il fait une nouvelle fois appel à Régine qui, accompagnée de ses copains, accepte d'y descendre pour quelques soirs pour insuffler un peu de vie à l'établissement. La réputation du lieu se fait rapidement. Dès que quelqu'un se présente à l'entrée, elle le refoule et lui dit que c'est complet... Le bruit court vite et une interminable file d'attente se dessine devant la porte.
En 1956, Régine s'installe à son compte en louant un club situé Rue du Four. Elle y refait une décoration très soignée et aménage la cave. Régine se prépare au Yé-yé...
En avril 1961, Régine se découvre une grande admiration pour la comédie musicale West Side Story. Elle invite la troupe chaque soir " Chez Régine ", où l'équipe s'échauffe avec de curieux mouvements de jambes qui l'intriguent. Il s'agit du twist. Elle fait alors revenir les disques de Chubby Checker et les diffuse dans sa boite. C'est immédiatement le triomphe ! En mai, elle ouvre le temps d'un festival, un nouvel établissement qu'elle baptise " Chez Régine à Cannes ". Les vedettes viennent alors danser sur Let's Twist Again . Le phénomène gagne toute la presse, Nice Matin titre " Régine lance le twist, la danse qui fera fureur... "
" Chez Régine ", rue du Four, devient le passage mondain obligatoire. Les acteurs du film Le jour le plus long quittent les plages du débarquement et se rendent, le temps du long week- end pascal, à Paris afin de rencontrer chez Régine d'autres stars américaines comme Ava Gardner, John Wayne, Mel Ferrer, Gene Kelly, Audrey Hepburn. On y retrouve même Charlie Chaplin dansant le tango avec la patronne.
Cherchant sans cesse à se renouveler et à devancer la mode, Régine est consciente que le twist va vite s'essouffler. Elle décide alors de s'installer boulevard Montparnasse dans une boîte de strip-tease fermée depuis un an. Entièrement redécoré par François de Lamothe dans un style Art Déco, ce nouveau lieu sera baptisé " New Jimmy's ". Dès l'ouverture, c'est une réussite totale ; il y a un tel déferlement que la propriétaire des lieux doit servir le champagne sur le trottoir. Régine devient l'impératrice de la nuit !
Un soir de 1963 Renée Lebas, chanteuse populaire reconvertie dans la production, dit à Régine ; "Tu as une voix étonnante, tu devrais chanter ". Tout s'enchaîne très vite, Charles Aznavour lui conseille d'apprendre les grands classiques. Elle s'équipe alors d'un piano et prend des cours de chant. Régine présente un style atypique par rapport à la scène artistique de l'époque ; sa personnalité est à la fois éclectique et paradoxale, tantôt réaliste, mélancolique, tantôt humoristique. Le style " Régine " est qualifié par la presse de " sophistiqué ". Elle sort son premier 45 tours avec deux titres d'Aznavour.
Le 27 janvier 1965, Régine fait son premier spectacle chez Maxim's. Puis la première partie d'un gala de charité organisé par Maurice Chevalier qui lui dira : " Ca marchera parce que vous ne ressemblez à personne. Et puis vous, vous êtes "une mariole ". Vous connaissez les trucs avant de les avoir appris... " . Régine retrouve Serge Gainsbourg à travers France Gall qui remporte le prix de l'Eurovision avec " Poupée de cire, poupée de son ". Ils se connaissent depuis le " Whisky à gogo ", rue du Beaujolais. Gainsbourg lui propose alors " J'te prête Charlie, mais il s'appelle Reviens " puis lui sort timidement de sa poche un texte en disant "j'ai ça, une autre chanson, on ne sait jamais..." Ce sont les "P'tits Papiers"...
L'année 1968 est détonante pour Régine. Le 16 janvier, elle obtient sa première représentation à l'Olympia pour participer à un Musicorama avec Europe n°1. Le triomphe est indiscutable avec 17 rappels du public. Elle reçoit le prix du Rideau Rouge qui distingue la vedette de Music-hall la plus marquante de la saison. Le 6 février, elle est invitée à chanter aux côtés de Gilbert Bécaud à l'occasion de l'ouverture des Jeux Olympiques de Grenoble. Le 12 décembre, Régine remonte sur la scène de l'Olympia en co-vedette avec Raymond Devos, le tout, mis en scène par Jacques Charon. En septembre de la même année, Régine incarne un rôle important sur grand écran dans le film de Claude Berri : Mazel Tov.
Début 1969, " Mazel Tov " (" Marry me Marry me ", titre américain) sort aux Etats-Unis et remporte un grand succès. Elle décide de faire une scène au Carnegie Hall. Sans producteur, elle loue seule des espaces publicitaires dans les journaux : " Régine, la vedette de Marry me !Marry me ! sur scène". Salles combles, le public est conquis.
En 1973, après plusieurs petits galas et une comédie musicale, Régine retrouve le succès sur la scène de Bobino en appliquant le même principe qu'à Monte Carlo: un répertoire animé d'attractions et une mise en scène incroyable signée Nathalie Bataille qui, comme à l'accoutumée, déroutent le public de l'époque. Les journaux sont inondés d'articles gratifiant le show.