Romaric Sangars
Les VerticauxRoman
Editions Léo Scheer
228 pages - 17 €
Le livre
Vincent Revel, journaliste parisien, écrivain raté, trentenaire désabusé, rencontre un soir deux êtres qui vont le rendre à sa fièvre initiale. Le premier est une jeune femme : Lia Silowsky, versée dans un mysticisme où se mêlent chants bulgares et visions oniriques. Le second, Emmanuel Starck, est un aventurier revenu s'installer à Paris après avoir beaucoup voyagé, expert en hacking comme en arts martiaux, hanté par des traditions d'une chevalerie devenue obsolète. Avec eux, Vincent se livre à des sabotages symboliques, plus proches du happening que de l'attentat, visant à rallumer des éclats anciens, tandis que sa fascination pour Lia se mue en passion. Ces jeunes gens tentent ainsi, à revers de notre ère plate et standardisée, de vivre à la verticale. Les Verticaux permet d'éclairer une question rarement soulevée : au-delà des morales, des cultures ou des techniques qui lui sont propres, quel type d'homme notre époque produit-elle ? Baignant dans l'atmosphère parisienne des années 2010, chargé de toutes les tensions contemporaines, ce texte satirique, corrosif et halluciné, redonne de la noblesse à la dérive existentielle et au scandale.
Extrait
L'appareil défaillant se retrouva bientôt au centre du bar et de l'attention de ceux qui y étaient attablés. « Putain, mais il y a toute ma vie là-dedans ! » déclara son possesseur dans un souffle haché par l'effroi. «Montre-moi où tu as mis ta vie. » L'homme qui venait de s'exprimer ainsi était de taille modeste, mince, et les membres noueux, tout de noir vêtu, des cheveux de jais, très raides, tombant dans une longue mèche qui lui barrait la moitié du visage, un visage qu'il avait assez banal au premier abord, mais composé de traits francs, presque durs, tandis que, serties dans deux fentes, ses prunelles brillaient d'un éclat brutal. Il avait parlé d'un ton sec et qui paraissait absolument dénué d'ironie. Les regards quittèrent le smartphone pour se poser sur l'homme qui venait de surgir ainsi en tranchant net dans l'atmosphère.
Je venais de découvrir Emmanuel Starck. «Montre-moi où tu as mis ta vie...», répéta-t-il, imperturbable, à l'attention de la victime de Loreley. « C'est une expression... » se défendit le jeune homme, alors que son agressivité venait de se dissoudre pour ne laisser subsister qu'une gêne interloquée. « Un aveu... » reprit Starck, et il fit glisser l'appareil vers son propriétaire en lui déclarant : « Tu veux embrasser ton idole ? »
L'auteur
Romaric Sangars est né en 1977 à Grenoble. Après s'être installé à Paris, il collabore à diverses revues (Chronic'art, Causeur, La Revue Littéraire) en tant que critique littéraire. En 2011, il fonde avec le romancier Olivier Maulin le Cercle Cosaque. Il est l'auteur, aux éditions Pierre-Guillaume de Roux, de Suffirait-il d'aller gifler Jean d'Ormesson pour arranger un peu la gueule de la littérature française ? (2015). Les Verticaux est son premier roman.