Gilles Paris
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parution le jeudi 10 avril 2008

Marine de Tilly

Corridas
De sang et d'or
Document

Editions du Rocher
19,90 € - 265 pages

Le livre

"Je suis de ceux dont la poésie de la corrida va droit au coeur, de ceux dont la vie a été dévorée par l'aficion. Assurément, je plaide « coupable ». Mais finalement, coupable de quoi ? D'aimer les taureaux, au-dessus de mes moyens, et d'apprécier d'avoir devant moi des hommes qui ont « le courage d'avoir peur » ? Il est difficile de rationaliser une passion. Ce qui est pour moi un art majeur, la mise en scène de la vie et de la mort, n'est et ne reste pour d'autres qu'un acte inutile et barbare. C'est une question de goût, de sensibilité, mais sûrement pas d'éthique ou de morale. Par la beauté qu'elle impose, par sa singularité dangereuse, l'orgie de sons et de couleurs qui s'en dégage, par l'arrogance de ses toreros, par la droiture, la dureté de sa grammaire, par sa sensualité prodigieuse, sa puissance émotionnelle, enfin par la profondeur de son symbole, la corrida représente une véritable exception culturelle. Survenue presque par hasard dans une Espagne en mal d'héroïsme, elle a traversé les âges et les tempête jusqu'à croiser la modernité. Aujourd'hui incomprise et attaquée de toute part, il ne lui reste que deux choix : théoriser ou comparaître. Ce livre ne suit ni l'une ni l'autre de ces voies. Il tente modestement d'incarner la corrida, de lui donner chair, et d'ouvrir cette chair, de faire découvrir ou redécouvrir le désir, l'ardeur et la sincérité qu'il y a derrière cette rencontre entre l'homme et le taureau de combat"
"Je ne suis ni fille d'éleveur ni femme de torero. Je ne suis pas même espagnole. Je n'ai donc « à première vue » aucune raison d'aimer à ce point les taureaux. Mais au fond, en faut-il vraiment une ? Je n'ai pas connu Joselito ou Belmonte. Et je ne les ai malheureusement jamais vus toréer. Pas plus que je n'ai rencontré la majorité des toreros des siècles passés évoqués dans ce livre. Je n'ai fait que lire, écouter les historiens, interroger les biographes, déchiffrer les archives, de papier ou d'image, lire encore, traduire, fouiller, parler aux éleveurs, aux matadors, aux banderilleros, aux mères de toreros que j'ai pu approcher. D'aucuns considèrent qu'il faut « en être » pour témoigner, ou même aimer. Si je suis d'un monde, d'un « mundillo », c'est celui des vieux aficionados des tenidos « sol » là haut, tout en haut des gradins. C'est eux qui m'on tout apprit de la corrida, de ses règles, officielles et officieuses, de ses secrets, de ses ficelles. C'est avec eux que j'ai cheminé, du jour où je me suis rendue aux arènes, nez au vent, comme n'importe quel touriste de passage, jusqu'à ce livre que je leur dédie. D'arènes en arènes, de saisons en saison, je traîne chaque année avec eux dans les couloirs avant le combat, et dans les bars de la Puerta del Sol après, à discuter des nuits entières en fumant"

L'auteur

Marine de Tilly a 27 ans. Après des études d'Histoire à La Universidad Complutense de Madrid où elle a soutenu une maîtrise sur Jeanne la Folle, et un master à l'Institut Pratique de Journalisme à Paris, elle est devenue critique au Figaro Littéraire. Parallèlement, elle chronique à Place au Livre et Vol de Nuit, et collabore aux Hors Séries du Point. En 2006 et 2007, à l'occasion des élections présidentielles, elle devient rédactrice en chef adjointe d'une émission politico-culturelle sur France 5 (Chez FOG), avant de retourner à l'écrit. Elle est actuellement critique littéraire à Transfuge et au Point. Corridas, de sang et d'or, est son premier ouvrage.